Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/354

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Si l’on veut voir la Venise du Nord dans toute sa beauté maritime, il faut d’abord parcourir le quai d’une lieue qui borde le Zuiderzée. Les vaisseaux, paisibles dans les bassins comme ces hautes forêts de pins que le vent agite à peine, font contraste à la flotte éternelle qui, de l’autre côté, sillonne la mer agitée ou paisible. Il y a là des cafés élevés sur des estacades et entourés de petits jardins flottants. Tout le quai est bordé de buffets de restauration, — où l’on peut consommer debout des concombres au vinaigre, des salades de betterave, des poissons salés arrosés de thé et de café. On remplace le pain par des œufs durs.

Rien n’est plus engageant que les grandes affiches et les inscriptions peintes des bureaux de steamboat qui annoncent des départs continuels pour Leuwarden en Frise, pour Saardam, qu’ils appellent Zaadam, pour Groningue, pour Heligoland, pour le Texel ou pour Hambourg. Si nous ne voulons qu’admirer la magnifique perspective d’Amsterdam, mettons le pied sur le paquebot de Saardam, qui, trois fois par jour, transporte les promeneurs sur le rivage de la Nord-Hollande. Le bateau fume et se détache de l’estacade prodigieuse chargée d’un petit village de comptoirs et d’offices maritimes, de restaurants et de cafés. — Déjà toute la ligne du port nous apparaît dentelée au loin par les découpures des toits variés de dômes et de tours aux chaperons aigus