Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/41

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Quand on a traversé les fossés, les tranchées, les bastions, partout revêtus de verdure, on trouve une charmante promenade, des allées silencieuses, une rivière où traîne mollement le feuillage des saules. À droite et à gauche sont des jardins publics, les Tivoli et les Mabille de l’endroit. Au jardin Lips, on donne tous les dimanches des bals et des feux d’artifice ; sa décoration serait pour nous un peu passée : des temples de l’Amour, des ermitages, des rochers à cascades, dans le goût bourgeois des pendules et des assiettes montées ; puis un moulin d’eau et un pont en fil de fer qui conduit dans un îlot. Tout cela devient fort bruyant et fort animé le dimanche, ce qui me conduit à vous parler de la population.

Il faut bien l’avouer, on parle moins français à Strasbourg qu’à Francfort ou à Vienne, et de plus mauvais français, quand on le parle. Il est difficile de se faire comprendre des gens du peuple, et nous en sommes à nous demander ce qu’apprennent les enfants aux écoles mutuelles qu’on dit si fréquentées dans ce département. Peut-être savent-ils le latin. Cependant il y a peu d’Allemands réels à Strasbourg, et cette ville a donné des preuves de patriotisme incontestables. Pourquoi donc ne se fait-elle pas un point d’honneur de parler sa langue maternelle ? Le type allemand se retrouve, sans être absolu pourtant, dans les traits gracieux des dames de la société : leur tournure n’a rien de provincial, et elles