Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/85

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nelle sacrée aux fidèles de Carl Sand. Notre scrupule historique allait à ce point que nous voulions pouvoir dire si c’était celle de gauche ou de droite. Le valet l’ignorait lui-même, mais il nous dit : « Avez-vous un couteau ? — Oui ; pourquoi faire ? — Pour faire une entaille dans le bois. Les échafauds se font en sapin. » En effet, l’un des berceaux était en chêne, l’autre en sapin.

Il y a quelques mois, j’ai traversé de nouveau ce beau duché de Bade, qui est le plus charmant pays de l’Allemagne, je le sais à présent ; l’hiver ne lui avait pas enlevé tout son charme ; sous un ciel un peu pâle, l’horizon se teignait toujours de la verdure éternelle des sapins ; les monts couronnés de châteaux s’élançaient toujours du sein de cette Forêt-Noire qui règne sur une étendue de cent lieues, et la pierre rouge des édifices, des églises et des palais semblait toujours chauffée des rayons d’un soleil aident. Quand j’arrivai à Carslruhe, on ne parlait que d’une séance orageuse de la chambre des députés (de Bade), qui venait d’avoir lieu la veille. Des membres de l’opposition avaient demandé l’abolition de la peine de mort ; le parti conservateur s’était vivement prononcé contre cette proposition. Enfin, des esprits modérés avaient proposé un amendement qui devait concilier les partisans des coutumes féodales et les propagateurs des idées nouvelles. Ces philanthropes demandaient l’introduction de la