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NAPOLÉON.


Au milieu de la mer qui sépare deux mondes,
Un rocher presque nu s’élève sur les ondes,
Et son sinistre aspect remplit l’âme de deuil :
C’est là que tant de gloire est par la mort frappée ;
Et l’on y voit un nom, une croix, une épée,....
       Tous trois jetés sur un cercueil !

Ce nom pourra long-temps résonner dans l’histoire,
Car naguère, semblable au bronze des combats,
Qui marque tour-à-tour un triomphe, un trépas,
Il annonça la mort, ainsi que la victoire :
Dès qu’il retentissait comme un signal lointain,
L’un frémissait de crainte, et l’autre de courage,
On volait à la gloire, on volait au carnage,
Et les mères pressaient leurs enfans sur leur sein !

La Croix, tant qu’il vécut, fut l’étoile des braves,
       C’était par ses nobles entraves
       Qu’il s’attachait des défenseurs ;
Elle rendit la France en grands hommes féconde ;
Et, quand elle éclatait au ciel et sur les cœurs,
Dans ce nouveau soleil qu’il jeta sur le monde,
       L’œil put distinguer trois couleurs.

       La voilà, cette illustre épée
       Qui fit le sort de cent combats :
Que de fois dans le sang sa lame fut trempée !
       Qu’elle a moissonné de soldats !