Page:Nerval - Napoléon et la France guerrière, 1826.djvu/11

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C’est un amas confus qui s’appauvrit sans cesse,
Des bataillons sans chefs, des chefs sans bataillons,
Cachant leur pauvreté sous de riches haillons[1],
Et dont le dénûment accuse la faiblesse.

Qui peut donc effrayer leurs farouches rivaux ?
Est-ce le noble éclat de trente ans de victoire,
Qui, même au milieu de leurs maux,
Semble les couronner d’un long rayon de gloire ?

Les ennemis, fuyant leurs débiles vainqueurs,
Semblent en redouter la guerrière attitude,
Toujours de la défaite une longue habitude,
Comme un vieux préjugé, règne encor dans leurs cœurs.

Cependant, c’est le sort qui livre à leur vengeance
De ces fiers conquérans la farouche arrogance ;
Quelle honte pour eux, s’ils laissent en repos
Ces cadavres hideux sortir de leurs tombeaux !…


*

Ils donnent le signal, et la mort se déploie,
S’arrête sur les monts, prête à saisir sa proie ;

  1. Les tapis, les pelisses et les étoffes précieuses de Moscou.