Page:Nerval - Napoléon et la France guerrière, 1826.djvu/26

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Et ton esprit, plongeant dans ta course passée,
Tantôt veut secouer un triste souvenir,
Tantôt d’un plus brillant aime à s’entretenir,
Et semble en écouter l’enivrante pensée.

Ah ! pleure tes grandeurs qui ne reviendront plus,
Ton pouvoir, tes honneurs, sont à jamais perdus,
Et ce charme puissant, insoluble problême,
Ce talisman vainqueur, que seul tu possédais,
Qui triomphait des rois, des peuples, du ciel même,
Dans les mains d’un mortel ne renaîtra jamais.

Un athlète fameux voulut briser un chêne ;
Mais il ne pensait pas que le tronc divisé,
Resserrant les éclats qu’il écarte avec peine,
Retiendrait son bras épuisé :
De ses efforts en vain déployant la puissance,
Par les cris de sa rage il trahit sa souffrance,
L’écho seul du désert répondit à sa voix :
Et le soir, s’approchant de l’arbre qui l’enchaîne,
Un animal le vit, et déchira sans peine
Le vainqueur des lions et des monstres des bois.

De ton orgueil trompé telle fut l’imprudence,
Attaché comme lui, sans force, sans défense,