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souvent du droit divin pour qu’on s’occupât d’autre chose.

Enfin le peuple, qui n’avait pas donné sa démission, comme l’a dit un jour un patriote mal avisé, le peuple s’est réveillé, et en trois jours l’affaire a été bâclée.

En revoyant le drapeau tricolore, en entendant crier de toutes parts vive la liberté ! le père Gérard a failli mourir de joie. Mais, il faut le dire, cette joie a été de peu de durée. D’un côté, les gens de l’empire, de l’autre, les gens de la restauration n’ont pas fait de la nouvelle charte une bien grande vérité, et les députés nommés par les électeurs de Charles X et les pairs de France choisis par Louis XVIII, tous ces gens-là n’étaient pas propres à la rendre plus véridique. De compte fait dans cette grande révolution, nous n’avons eu jusqu’à présent qu’un seul grand fonctionnaire à l’essai, c’est le roi Philippe ; il s’est donc trouvé seul contre tous, et s’il n’a pas fait tout le bien qu’il désire, rien n’est encore perdu, puisque les électeurs vont user du droit qu’ils ont de changer les conseillers. Le moment est donc décisif pour le bonheur de la France ; et si le père Gérard n’est plus d’âge à entrer dans la fabrication de ces longs journaux, où le peuple ne comprend pas grand chose, car on y embrouille les questions les plus claires, le père Gérard offre à ses lecteurs populaires la Biographie chantante de nos députés, et plus tard celle de nos ministres, braves gens d’ailleurs, qui n’ont pas mal fait leurs affaires, tout en dérangeant les nôtres.

Le père Gérard.