Page:Nerval - Petits Châteaux de Bohême, 1853.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que chose comme votre fantôme passait, m’adressait de douces paroles et promettait de revenir… Il y avait de la magie, sans doute, et cependant tous les détails restent présents à ma pensée. J’étais là, je venais de voir le soleil se coucher derrière le Pausilippe, en jetant sur Ischia le bord de son manteau rougeâtre ; la mer noircissait dans le golfe, et les voiles blanches se hâtaient vers la terre comme des colombes attardées… Vous voyez, je suis un triste rêveur, mes lettres ont dû vous l’apprendre, mais vous n’entendrez plus parler de moi, je le jure, et vous dis adieu.

CORILLA. — Vos lettres… Tenez, tout cela a l’air d’un imbroglio de comédie, permettez-moi de ne m’y point arrêter davantage ; seigneur Marcelli, veuillez reprendre mon bras et me reconduire en toute hâte chez moi. (Fabio salue et s’éloigne.)

MARCELLI. — Chez vous, madame ?

CORILLA. — Oui, cette scène m’a bouleversée !… Vit-on jamais rien de plus bizarre ? Si la place du Palais n’est pas encore déserte, nous trouverons bien une chaise, ou tout au moins un falot. Voici justement les valets