rochers du cap Spati, où Achille en fit bâtir un, à son départ pour Troie ; j’ai cherché des yeux Cranaé, située de l’autre côté du golfe et qui fut le lieu de l’enlèvement d’Hélène ; mais l’île de Cranaé se confondait au loin avec les côtes de la Laconie, et le temple n’a pas laissé même une pierre sur les rocs, du haut desquels on ne découvre, en se tournant vers l’île, que des moulins à eau mis en jeu par une petite rivière qui se jette dans la baie de San-Nicolo.
En descendant, j’ai trouvé quelques-uns de nos voyageurs qui formaient le projet d’aller jusqu’à une petite ville située à deux lieues de là et plus considérable même que Capsali. Nous avons monté sur des mulets, et, sous la conduite d’un Italien qui connaissait le pays, nous avons cherché notre route entre les montagnes. On ne croirait jamais, à voir de la mer les abords hérissés des rocs de Cérigo, que l’intérieur contienne encore tant de plaines fertiles ; c’est, après tout, une terre qui a soixante-six milles de circuit et dont les portions cultivées sont couvertes de cotonniers, d’oliviers et de mûriers semés parmi les vignes. L’huile et la soie sont les principales productions qui fassent vivre les habitants, et les Cythéréennes — je n’aime pas à dire Cérigotes — trouvent, à préparer cette dernière, un travail assez doux pour leurs belles mains ; la culture du coton a été frappée, au contraire, par la possession anglaise…
Mais n’admirez-vous pas tout ce beau détail fait en style itinéraire ? C’est que la Cythère moderne, n’étant pas sur le passage habituel des voyageurs, n’a jamais été longuement décrite, et j’aurai du moins le mérite d’en avoir dit même plus que les touristes anglais.
Le but de la promenade de mes compagnons était Potamo, petite ville à l’aspect italien, mais pauvre et délabrée ; le mien était la colline d’Aplunori, située à peu de distance et où l’on m’avait dit que je pourrais rencontrer les restes d’un temple. Mécontent de ma course du cap Spati, j’espérais me dédommager dans celle-ci et pouvoir, comme le bon abbé Delille, remplir mes poches de débris mythologiques. Ô bonheur ! je