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INTRODUCTION.

nommée dans toute la Grèce comme une merveille de l’art, elle était nue et tenait à sa main droite une coquille marine ; ses fils Éros et Antéros l’accompagnaient, et devant elle était un groupe de trois Grâces dont deux la regardaient, et dont la troisième était tournée du côté opposé. Dans la partie orientale du temple, on remarquait la statue d’Hélène ; ce qui est cause probablement que les habitants du pays donnent à ces ruines le nom de palais d’Hélène.

Deux jeunes gens se sont offerts à me conduire aux ruines de l’ancienne ville de Cythère, dont l’entassement poudreux s’apercevait le long de la mer entre la colline d’Aplunori et le port de San-Nicolo ; je les avais donc dépassées en me rendant à Potamo par l’intérieur des terres ; mais la route n’était praticable qu’à pied, et il fallut renvoyer le mulet au village. Je quittai à regret ce peu d’ombrage plus riche en souvenirs que les quelques débris de colonnes et de chapiteaux dédaignés par les collectionneurs anglais. Hors de l’enceinte du bois, trois colonnes tronquées subsistaient debout encore au milieu d’un champ cultivé ; d’autres débris ont servi à la construction d’une maisonnette à toit plat, située au point le plus escarpé de la montagne, mais dont une antique chaussée de pierre garantit la solidité. Ce reste des fondations du temple sert de plus à former une sorte de terrasse qui retient la terre végétale nécessaire aux cultures et si rare dans l’île depuis la destruction des forêts sacrées.

On trouve encore sur ce point une excavation provenant de fouilles ; une statue de marbre blanc drapée à l’antique, et très-mutilée, en avait été retirée ; mais il a été impossible d’en déterminer les caractères spéciaux. En descendant à travers les rochers poudreux, variés parfois d’oliviers et de vignes, nous avons traversé un ruisseau qui descend vers la mer en formant des cascades, et qui coule parmi des lentisques, des lauriers-roses et des myrtes. Une chapelle grecque s’est élevée sur les bords de cette eau bienfaisante, et parait avoir succédé à un monument plus ancien.