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DRUSES ET MARONITES.

En rentrant au pavillon où j’avais été reçu le matin, je ne vis plus d’amas de chaussures au bas de l’escalier, plus de visiteurs encombrant le mabahim (pièce d’entrée) ; on me fit seulement traverser la salle aux pendules, et je trouvai dans la pièce suivante le pacha, qui fumait assis sur l’appui de la fenêtre, et qui, se levant sans façon, me donna une poignée de main à la française.

— Comment cela va-t-il ? Vous êtes-vous bien promené dans notre belle ville ? me dit-il en français ; avez-vous tout vu ?

Son accueil était si différent de celui du matin, que je ne pus m’empêcher d’en faire paraître quelque surprise.

— Ah ! pardon, me dit-il, si je vous ai reçu ce matin en pacha, Ces braves gens qui se trouvaient dans la salle d’audience ne m’auraient point pardonné de manquer à l’étiquette en faveur d’un Frangui. À Constantinople, tout le monde comprendrait cela ; mais, ici, nous sommes en province.

Après avoir appuyé sur ce dernier mot, le pacha voulut bien m’apprendre qu’il avait habité longtemps Metz en Lorraine, comme élève de l’École préparatoire d’artillerie. Ce détail me mit tout à fait à mon aise en me fournissant l’occasion de lui parler de quelques-uns de mes amis qui avaient été ses camarades. Pendant cet entretien, le coup de canon du port, saluant le coucher du soleil, retentit du côté de la ville. Un grand bruit de tambours et de fifres annonça l’heure de la prière aux Albanais répandus dans les cours. Le pacha me quitta un instant, sans doute pour aller remplir ses devoirs religieux ; ensuite il revint et me dit :

— Nous allons dîner à l’européenne.

En effet, on apporta des chaises et une table haute, au lieu de retourner un tabouret et de poser dessus un plateau de métal et des coussins à l’entour, comme cela se fait d’ordinaire. Je sentis tout ce qu’il y avait d’obligeant dans le procédé du pacha, et toutefois, je l’avouerai, je n’aime pas ces coutumes de l’Europe envahissant peu à peu l’Orient ; je me plaignis au pacha d’être traité par lui en touriste vulgaire.