— En d’autres termes, dit Soliman, maître Adonirama l’intention de nous rendre son tributaire.
L’artiste sourit et répondit avec grâce :
— Seigneur, vous avez deviné ma pensée.
— Et peut-être se réserve-t-il un jour de traiter avec nous en dictant ses conditions.
Adoniram échangea avec le roi un regard fin et défiant.
— Quoi qu’il en soit, ajouta-t-il, je ne puis rien demander qui ne soit digne de la magnanimité de Soliman.
— Je crois, dit Soliman en pesant l’effet de ses paroles, que la reine de Saba a des projets en tête, et se propose d’employer votre talent…
— Seigneur, elle ne m’en a point parlé.
Cette réponse donnait cours à d’autres soupçons.
— Cependant, objecta Sadoc, votre génie ne l’a point laissée insensible. Partirez-vous sans lui faire vos adieux ?
— Mes adieux… ? répéta Adoniram, et Soliman vit rayonner dans son œil une flamme étrange ; mes adieux ? Si le roi le permet, j’aurai l’honneur de prendre congé d’elle.
— Nous espérions, repartit le prince, vous conserver pour les fêtes prochaines de notre mariage ; car vous savez…
Le front d’Adoniram se couvrit d’une rougeur intense, et il ajouta sans amertume :
— Mon intention est de me rendre en Phénicie sans délai.
— Puisque vous l’exigez, maître, vous êtes libre : j’accepte votre congé…
— À partir du coucher du soleil, objecta l’artiste. Il me reste à payer les ouvriers, et je vous prie, seigneur, d’ordonner à votre intendant Azarias de faire porter au comptoir établi au pied de la colonne de Jakin l’argent nécessaire. Je solderai comme à l’ordinaire, sans annoncer mon départ, afin d’éviter le tumulte des adieux,
— Sadoc, transmettez cet ordre à votre fils Azarias. Un mot encore : qu’est-ce que trois compagnons nommés Phanor, Amrou et Méthousaël ?