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VOYAGE EN ORIENT.

ou à des partis qui vivent dans l’inimitié. Il est étonnant que l’on tolère, même en ce moment, de pareils forfaits, qui, s’ils avaient lieu autre part que dans des villages, c’est-à-dire dans de petites ou de grandes villes de l’Égypte, seraient punis d’une sentence de mort qui frapperait plusieurs des personnes impliquées. La vengeance par le sang est permise d’après le Coran ; mais il est recommandé d’y mettre de la modération et de la justice : les petites guerres qu’elle occasionne de notre temps sont donc en opposition avec le précepte du prophète, qui dit : « Si deux musulmans tirent le glaive l’un contre l’autre, celui qui aura tué, ainsi que celui qui sera tué, sera puni par le feu (l’enfer). »

Sous d’autres rapports, les Fellaheen ressemblent aux Bedawees. Lorsqu’une Fellahah est convaincue d’infidélité envers son mari, lui-même, ou le frère de la femme adultère, la précipite dans le Nil avec une pierre au cou, ou bien, après l’avoir coupée en morceaux, jette ses restes à la rivière. Une fille ou une sœur non mariée qui se rend coupable d’incontinence est presque toujours punie de la même manière, et c’est le père ou le frère qui se charge du supplice. On considère les parents de telles filles comme plus offensés que ne l’est un mari par l’adultère de sa femme, et, si la punition ne suit pas le crime, la famille est souvent méprisée par toute la tribu.


XI — LA FÊTE DE MAHOMET


À l’entrée du mois de Babya-el-Ouel (c’est-à-dire le troisième mois), on se prépare à célébrer l’anniversaire de la naissance du prophète ; et cette célébration s’appelle la Mouled-en-Neby. Le lieu principal de la fête est la partie sud-ouest du grand espace dit Birket-el-Esbekieh, dont la presque totalité devient un lac lors des inondations ; ce qui arriva plusieurs années de suite à l’époque de la Mouled, que l’on célébrait, dans ce cas, au bord du lac ; mais, quand le sol est à sec, c’est là que la fête a lieu. On y dresse de grandes tentes appelées seewans,