Page:Nerval - Voyage en Orient, II, Lévy, 1884.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
VOYAGE EN ORIENT.

tait permis à personne de circuler sans lanterne, comme c’est l’ordinaire lorsqu’il fait nuit. On voyait à peine quelques femmes parmi les assistants.

Sur le lieu même du zikr, on avait suspendu un très-grand chandelier, ou plutôt un candélabre portant deux ou trois cents petites lampes de verre superposées les unes aux autres et qui semblaient n’en faire qu’une seule. Autour de ce faisceau de lumière, il y avait encore beaucoup de lanternes en bois contenant chacune plusieurs petites lampes semblables à celles du grand chandelier.

Les zikkers (chanteurs de zikrs), qui étaient au nombre de trente à peu près, s’assirent les jambes croisées sur des nattes étendues à cet effet le long des maisons d’un des côtés de la rue, et disposées dans la forme d’un cercle oblong. Au milieu de ce cercle étaient trois chandelles en cire, supportées par des chandeliers très-bas. La plupart des zikkers étaient des ahmed-derviches gens de basse condition et misérablement vêtus ; quelques-uns seulement portaient le turban vert. À l’une des extrémités de ce cercle allongé étaient quatre chanteurs et quatre joueurs d’une espèce de flûte appelée nay. C’est parmi ces derniers que nous parvînmes à nous établir pour assister à la meglis, ou représentation du zikr, que nous décrirons aussi exactement que possible.

La cérémonie, d’après notre calcul, dut commencer environ trois heures après le coucher du soleil. Les exécutants récitèrent d’abord le Fathah toua ensemble ; leur chef s’étant écrié le premier : Le Fathah ! tous poursuivirent ainsi : « Ô Dieu ! favorise notre seigneur Mahomet dans les siècles ; favorise notre seigneur Mahomet dans le plus haut degré au jour du jugement, et favorise tous les prophètes et tous les apôtres parmi les habitants du ciel et de la terre. Et puisse Dieu, dont le nom est loué et béni, se plaire avec nos seigneurs et nos maîtres Abou-Bekr et Omar, Osman et Ali d’illustre mémoire. Dieu est notre refuge et notre excellent gardien. Il n’y a force ni puissance qu’en Dieu le haut, le grand ! Ô Dieu ! ô notre