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LORELY.

parmi lesquels il faut compter le spectacle d’un panorama des bords du Rhin, — animé par le passage de l’armée française, — c’étaient les termes de l’affiche.

Quand on a vu, à Leipzig, l’Observatoire, la Bourse des libraires, la place du Marché et le tombeau de Poniatowsky, il est fort agréable de pouvoir, le soir même, revoir mademoiselle Rachel dans le rôle de Marie Stuart. Elle a obtenu, naturellement, un immense succès, surtout dans la scène des deux reines et dans celle où elle se dépouille de ses bijoux en faveur de ses femmes. — Par exemple, la tragédie française était peu en faveur près du public allemand, révolté de voir qu’on eût osé mutiler Schiller. Les poëtes, aussi, sont furieux des triomphes de Rachel, parce qu’ils prétendent que leurs actrices nationales ne pourront plus faire d’effet après elle, ou l’imiteront servilement.

— Nous devrions, me disait l’un d’eux, écraser ce joli serpent, qui vient répandre un venin destructeur sur notre art dramatique !…

Heureusement, la masse du public ne partage pas cette opinion intéressée.

Après avoir vu et admiré tant de choses en peu de jours, il est heureux encore de pouvoir se reposer devant une bouteille de vin de Hongrie, dans la vieille cave de l’Auerbach, illustrée jadis par la visite de Faust et de Méphistophélès.

L’établissement vient d’être mis à neuf, et l’on a restauré les curieuses peintures du moyen âge qui représentent les exploits du docteur et de son étrange compagnon, le tout accompagné de légendes en vers et d’un buste de Goethe. Hâtons-nous maintenant d’échapper au vaste rayonnement de cette gloire, dont il ne faut pas fatiguer nos lecteurs.