sans qui étaient près de moi fit observer que cette histoire lui paraissait puisée dans le Soliman-Nameh.
Pendant cette pause, — car ce repos du narrateur est appelé ainsi, de même que chaque veillée complète s’appelle séance, — un petit garçon qu’il avait amené parcourait les rangs de la foule en tendant à chacun une sébile, qu’il rapporta remplie de monnaie aux pieds de son maître. Ce dernier reprit le dialogue par la réponse de Benoni à Adoniram :
ii — BALKIS
— Plusieurs siècles avant la captivité des Hébreux en Égypte, Saba, l’illustre descendant d’Abraham et de Kétura, vint s’établir dans les heureuses contrées que nous appelons l’Iémen, où il fonda une cité qui d’abord a porté son nom, et que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Mahreb. Saba avait un frère nommé Iarab, qui légua son nom à la pierreuse Arabie. Ses descendants transportent çà et là leurs tentes, tandis que la postérité de Saba continue de régner sur l’Iémen, riche empire qui obéit maintenant aux lois de la reine Balkis, héritière directe de Saba, de Jochtan, du patriarche Héber,… dont le père eut pour trisaïeul Sem, père commun des Hébreux et des Arabes.
— Tu préludes comme un livre égyptien, interrompit l’impatient Adoniram, et tu poursuis sur le ton monotone de Mousa-Ben-Amran (Moïse), le prolixe libérateur de la race de Iacoub. Les hommes à paroles succèdent aux gens d’action.
— Comme les donneurs de maximes aux poètes sacrés. En un mot, maître, la reine du Midi, la princesse d’Iémen, la divine Balkis, venant visiter la sagesse du seigneur Soliman, et admirer les merveilles de nos mains, entre aujourd’hui même à Solime. Nos ouvriers ont couru à sa rencontre à la suite du roi, les campagnes sont jonchées de monde et les ateliers sont vides. J’ai couru des premiers, j’ai vu le cortège, et je suis rentré près de toi.