Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/113

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tions, est un de ces flambeaux qui illuminent tout à coup la situation d’une époque. On voit à la fois les idées de l’empereur sur la presse, les limites imposées à la presse sous l’empire, les désirs de Napoléon, contradictoires comme sa position, les défiances dont l’école religieuse et sociale était l’objet, les conditions auxquelles on obtenait la parole, les raisons qui la faisaient perdre. Tout est remarquable dans ce document, qui fait apparaître la physionomie de l’époque. La


    contre les manœuvres des Anglais, et qui n’accréditent aucun des bruits qu’ils font répandre.

    « Un censeur a été donné au Journal des Débats par forme de punition ; le feuilleton de Geoffroy a été soustrait à la censure, ainsi que la partie littéraire ; mais l’intention n’est point de le conserver, car alors il serait officiel, et il est vrai de dire que, si le bavardage des journaux a des inconvénients, il a aussi des avantages. La nouvelle relative au duc de Brunswick était certainement donnée avec malveillance, et l’on peut citer mille autres articles du Journal des Débats faits dans un mauvais esprit. Il n’y a pas d’autres moyens de donner de la valeur à la propriété du Journal des Débats que de le mettre entre les mains d’hommes d’esprit attachés au gouvernement. Toutes les fois qu’il parviendra une nouvelle défavorable au gouvernement, elle ne doit point être publiée, jusqu’à ce qu’on soit tellement sûr de la vérité, qu’on ne doive plus la dire, parce qu’elle est connue de tout le monde. Il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher qu’un journal ne soit point arrêté. Le titre du Journal des Débats est aussi un inconvénient ; il rappelle des souvenirs de la révolution ; il faudrait lui donner celui de Journal de l’Empire ou tout autre analogue. Il faut que les propriétaires de ce journal présentent quatre rédacteurs sûrs, et des propositions pour acheter la rédaction de quelques autres journaux. »