Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/126

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en changeant de ton, quand tout le monde fut sorti : « Votre tort est d’être trop pressé ; vous allez trop vite ; moi, je suis obligé de parler ainsi pour ces régicides qui m’entourent. Tenez, ce matin j’ai vu mon architecte ; il est venu me parler du temple de la Gloire. Est-ce que vous croyez que je veux faire un temple de la Gloire dans Paris ? Non ; je veux une église, et dans cette église il y aura une chapelle expiatoire, et l’on y déposera Louis XVI et Marie-Antoinette ; mais il me faut du temps, à cause de ces gens qui m’entourent. » Cet aparté était à l’adresse du royaliste et du chrétien, comme la semonce publique était à l’adresse des philosophes et des révolutionnaires. C’était de la politique en partie double, et l’empereur, après avoir ainsi parlé à Fontanes, n’en écrivait pas moins au duc de Bassano : « Il veut la royauté, mais pas la nôtre ; il aime Louis XIV, et ne fait que consentir à nous. » C’est identiquement la même parole que l’empereur adressait à Fiévée à l’occasion des tendances du Journal des Débats : « Vous avez le dessein de m’entraîner dans une monarchie autre que celle que je veux fonder. »

La même situation amenait les mêmes paroles : elle devait aboutir et elle aboutit au même dénoûment. Fiévée avait été sacrifié dans le journalisme ; M. de Fontanes fut sacrifié dans une sphère plus haute et pour la même raison. Sans doute son admiration pour l’empereur était sincère ; sa parole était caressante ; la louange qu’il donnait, pour ne pas être audacieuse et quelque peu effrontée comme celle de Fiévée, n’en