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nous, car il avait fait le premier l’épreuve ; « je continuerai sans crainte l’exercice de mon ministère. » Il continua donc à porter des secours spirituels aux malades, et à dire le dimanche la messe dans une cave, jusqu’au 9 thermidor (27 juillet 1794), époque à dater de laquelle le culte recommença à être toléré dans les campagnes. À partir de ce moment, il reparut au Puech, où il exerça le saint ministère ; l’hiver, il habitait avec sa famille le bourg de Saint-Côme, situé dans une belle vallée arrosée par le Lot ; mais il se rendait tous les dimanches où l’appelait le devoir qu’il s’était imposé, faisant cinq lieues pour célébrer le saint sacrifice au Puech et y annoncer la parole de Dieu. Ainsi s’écoulèrent près de huit années de la vie de M. Frayssinous, dans la méditation, le travail, la prière, l’accomplissement des devoirs du sacerdoce, et dans des entretiens approfondis qui, combinant les forces de deux esprits éminents, mais divers, leur permettaient à tous deux de s’élever plus haut ; années fécondes qui semaient profondément dans le sol une moisson qui devait en sortir plus tard. On conserve encore au Puech une Somme de saint Thomas, annotée à cette époque par M. Frayssinous. Ce fut alors qu’en méditant sur les ravages qu’avait faits la philosophie du dix-huitième siècle, il conçut le dessein de la combattre systématiquement dans une suite de conférences où il rétablirait toutes les vérités religieuses ébranlées par elle.

Il arrivait à la société française ce qui arriva au monde après le déluge : à mesure que les vagues bais-