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ardeur sans égale les tristes théories de son oncle, attaquées éloquemment par M. Frayssinous, fut réfuté avec éclat par un des auditeurs les plus assidus du catéchiste, M. Portes, plus tard professeur à l’École de droit de Paris. D’autres adressaient leurs objections par écrit au catéchiste, qui les réfutait en chaire. Quinze fois par an il développait une leçon, et, faisant à dessein un long circuit pour arriver à la religion révélée, il consacra les premières années à initier l’esprit de ses auditeurs à une philosophie spiritualiste et chrétienne, qui les préparait à la nourriture plus substantielle qu’il voulait leur donner les années suivantes. La religion naturelle passait, dans les enseignements de M. Frayssinous, comme une préface utile devant la religion révélée. Il y a ici une analogie entre la marche de l’enseignement religieux de M. Frayssinous et la marche de l’enseignement philosophique de M. Royer-Collard, qui devient un symptôme remarquable de l’état des esprits.

Dans l’été de 1806, l’enceinte de la chapelle des Allemande n’avait pu suffire à la foule des auditeurs. Le dimanche 4 janvier 1807, les conférences s’ouvrirent dans la nef de Saint-Sulpice, sur l’invitation du comte Portalis, alors ministre des cultes, qui assista à l’inauguration, et fut frappé du talent de l’orateur et de la vigueur de sa dialectique. Le cardinal Maury, qui était en ce moment à Paris, ne fut pas moins touché de cette éloquence, et il a consigné dans un de ses ouvrages l’impression que produisit sur lui M. Frays-