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sacrée, où la théologie et la philosophie se confondent, on trouve un quatrième représentant de la réaction des premières années du dix-neuvième siècle dans la personne de M. Frayssinous, qui a déjà commencé à moissonner le champ que trois grands semeurs intellectuels, MM. de Chateaubriand, de Bonald, Joseph de Maistre, ont fécondé.

Sur les deux premiers il reste bien peu de chose à dire. On les connaît : M. de Chateaubriand, c’est le Génie du christianisme ; M. de Bonald, c’est la Législation primitive. On a vu le premier rompre, à la date de la mort du duc d’Enghien, avec le consulat, qui rompait lui-même avec la justice, l’équité, le droit des gens et le droit de l’humanité. On a suivi de loin son existence poétique et voyageuse, qui a donné à la France les Martyrs, cette épopée historique et philosophique, chantée entre le monde romain qui s’écroule et le monde chrétien qui s’élève, et l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, écrit avec les notes qui restaient à l’auteur quand il eut employé les matériaux recueillis pendant les nombreux voyages nécessités par la composition de son épopée. On a vu enfin M. de Chateaubriand refuser, en 1811, à l’homme à qui l’on ne refusait rien, de rayer de son discours de réception à l’Académie française les phrases où il notait de blâme les idées et les actes révolutionnaires, dans la personne de Chénier. C’est donc avec un caractère tout d’une pièce, des précédents littéraires, religieux et politiques dominés par les mêmes principes, qu’il arrive