Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/227

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Fixé à Paris, à partir de cette époque, M. Guizot vit beaucoup le monde dans ces salons brillants où se rencontrait l’élite des esprits, ceux qui venaient du passé, comme ceux qui allaient à l’avenir, l’abbé Morellet et M. de Chateaubriand, M. de Fontanes et le chevalier de Boufflers, madame d’Houdetot et madame de Rémusat, M. de Bonald et M. Suard, société diverse par ses origines et ses tendances, mais suspecte tout entière d’idéologie aux yeux de l’empereur, et qui, en effet, si c’est un crime, pouvait être accusée de remuer beaucoup d’idées. Ce fut là que M. de Fontanes eut l’occasion de remarquer M. Guizot, et que, après l’avoir essayé comme suppléant de M. de Lacretelle, il lui donna la chaire d’histoire moderne à l’académie de Paris, où le jeune professeur rencontra M. Royer-Collard.

Tels avaient été, si l’on peut s’exprimer ainsi, les précédents intellectuels de M. Guizot, jusqu’à la restauration. Son esprit se trouvait, on le voit, favorablement disposé à la forme de pouvoir qu’elle instituait, avec un penchant un peu trop décidé cependant à croire à la souveraineté de la raison humaine et à l’infaillibilité de ses solutions. Il a moins de souvenirs et par conséquent plus d’exigences que M. Royer-Collard, car la modération n’est que la forme affectueuse de l’expérience. Quant aux hommes plus jeunes encore qui entourent, avec M. Guizot, M. Royer-Collard, le gouvernement nouveau est pour eux le bienvenu, comme une ère d’affranchissement pour les idées, d’influence pour les supériorités intellectuelles, et une