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Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/25

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points, et s’était étendue à toutes les branches des connaissances : l’histoire, la philosophie, les sciences, la politique, la législation, les arts, la littérature. De là le caractère antireligieux comme antimonarchique de la révolution française. Toutes les idées et tous les sentiments dont on avait ensemencé les esprits et les cœurs dans l’âge philosophique, devaient porter et avaient, en effet, porté leurs fruits dans l’âge politique. Aussi les derniers actes de la révolution avaient été empreints d’une double haine, haine de la royauté, haine de la religion ; et, dans le martyrologe de ce temps, les massacres de l’église des Carmes apparaissent en face de l’immolation du 21 janvier.

Après cette terrible expérience, un grand nombre d’esprits, désenchantés de ces utopies démenties par les faits, attendaient, dans un doute douloureux, cet aliment dont toutes les intelligences ont besoin, et qui leur manquait ; car si elles avaient cessé d’appartenir au philosophisme, elles n’appartenaient pas encore aux idées chrétiennes. C’est alors qu’en l’absence des prêtres dispersés, et qui rendaient témoignage, par les souffrances de leur exil, à cette religion à laquelle un grand nombre d’entre eux avaient rendu témoignage sur les échafauds révolutionnaires, un jeune laïque se présente pour faire au christianisme la première et la plus nécessaire des réparations. Le nom seul du livre en indiquait la portée : le Génie du christianisme. Il fallait, avant tout, réconcilier l’esprit français avec la religion chrétienne, lui réapprendre ses