Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le succès des premières Messéniennes fut aussi grand, dans son genre, que le succès des premières Méditations. Comme M. de Lamartine, M. Delavigne, inconnu la veille, se trouva avoir atteint, d’un seul pas, la célébrité. Lui aussi s’était rendu l’interprète d’un sentiment général qu’il avait d’autant mieux exprimé, qu’il le trouvait au fond de son propre cœur. Sa voix était devenue la voix de l’orgueil national blessé, et la modération de ses idées, l’esprit conciliant dont ses premiers vers étaient animés, avaient augmenté le nombre de ses admirateurs. Parmi eux, il faut compter le roi Louis XVIII, qui applaudit à ses vers patriotiques[1]. L’auteur dut à ses heureux débuts l’emploi de bibliothécaire de la chancellerie. Dès lors s’ouvrit pour lui une carrière non interrompue de succès, tantôt remportés par ses poëmes lyriques qui se succédèrent sous le nom de Messéniennes, tantôt obtenus sur la scène par ses comédies et ses tragédies ; car on rencontre le nom et le talent de M. Casimir Delavigne sur plusieurs routes à la fois dans la littérature. Les Messéniennes sont restées cependant son titre principal ; c’est là qu’il a montré le plus de cet esprit d’invention qui assure surtout aux œuvres littéraires la durée. C’était aux Voyages du jeune Anacharsis, par Barthélémy, que Casimir Delavigne, comme il en avertit lui-même ses lecteurs, avait emprunté ce titre

  1. Voir la notice publiée par M. le comte de Salvandy, à l’occasion de l’inauguration de la statue de Casimir Delavigne au Havre.