Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/353

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siége à la Chambre des députés, où il aurait été au-dessous de sa renommée et de l’attente générale, car, pour avoir chanté la charte, la liberté et la légalité, on ne devient ni orateur éloquent, ni grand homme d’État. Il resta ainsi l’ami de ceux qui l’auraient regardé comme un compétiteur, et le poëte de toute l’opposition, au lieu d’être l’interprète politique d’une de ses nuances. En même temps, il sut obtenir tous les bénéfices de l’opposition, sans éprouver les inconvénients qu’elle entraîne, car sa poésie, quoique agressive sur la fin, se maintint dans les limites de la légalité ; la forme, dans laquelle il excellait, sauva le fond, et c’est un service à ajouter à tous les services qu’elle lui avait rendus. Au demeurant, s’il fallait classer Casimir Delavigne dans la littérature de la restauration, nous dirions qu’il appartenait à l’école intermédiaire, en se rapprochant cependant beaucoup plus de Béranger que de MM. de Lamartine et Victor Hugo, et en étant, vers 1830, beaucoup plus près de l’école littéraire, politique et religieuse du dix-huitième siècle, que ne l’étaient la plupart des écrivains de l’école dans laquelle nous le rangeons.


V.

Béranger. — Chansons.


Dans un de ces jours de tyrannie où, le joug de la restauration, comme on disait alors, s’appesantissant sur la France, la captivité chantait ses tortures au cliquetis des verres, entre un flacon de vin de Romanée