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nit le sujet d’une chanson obscène ; le jour des morts, dernier culte de ceux qui ont presque oublié le christianisme, lui inspire une parodie écrite en éclats de rire en face des tombeaux ; le culte des saints, le dévouement du sacerdoce sont l’objet de ses quolibets bachiques, et il aiguise en refrains toutes les calomnies de bas lieux, les grossièretés, non-seulement sans vérité, mais sans gaieté et sans sel, que les esprits forts des cabarets auraient presque honte de ressusciter aujourd’hui. La parodie satirique des idées religieuses et morales, voilà donc une des deux faces de la gaieté de Béranger, et, comme l’a fait observer un critique peu suspect de sévérité envers lui, il a poussé cet esprit de dénigrement et de parodie jusqu’à compromettre, on pourrait dire, jusqu’à salir ces deux types vénérables, et jusqu’à lui vénérés, dans la morale populaire, la grand’mère et la nourrice[1].

Le second type dans lequel aime à s’exprimer la gaieté de Béranger, c’est une sorte de parodie élogieuse des idées antisociales. Tous les caractères qu’il place dans un jour favorable sont en dehors des lois de la société. Nous avons dit un mot de la réhabilitation joviale et burlesque des Frétillon, des Camille, des Lisette et de la grande famille de ces filles de bonne humeur et de mauvaises mœurs, qui poussent la haine de l’hypocrisie jusqu’à l’amour de l’effronterie, et qui

  1. Dans la chanson intitulée Ma Grand’mère, et dans celle qui a pour titre Ma Nourrice. Cette remarque est de M. de Sainte-Beuve.