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notion incomplète du développement de l’esprit humain à cette époque, si où ne le suivait point sur cette scène pleine de mouvement et de bruit de la littérature politique, qui se composa de la tribune, du journal, de la brochure et du pamphlet.

Jamais le journal, ce puissant engin de publicité, ne joua un plus grand rôle. C’est à la fin de cette époque qu’on appela la presse un quatrième pouvoir dans l’État. Elle le fut, en effet. On ne saurait imaginer aujourd’hui avec quelle impatience un numéro du Conservateur était attendu. La Minerve, quoique bien inférieure au point de vue de l’élévation des idées et du talent littéraire, n’était guère moins accréditée chez les lecteurs appartenant aux opinions de gauche. Il y eut plus tard, sous une législation plus favorable à la liberté de la presse périodique, tel article du Journal des Débats qui devint un événement. On peut dire que les trois écoles qu’on retrouve dans la littérature politique, comme dans toutes les sphères où se développa l’esprit humain, arrivèrent à leur plus haute expression, la première dans le Conservateur et dans le Journal des Débats, la seconde dans le Globe, la troisième à la fin de la restauration, dans le National.

Jusqu’à un certain point, chacun de ces journaux eut son style, parce que chacune des opinions qu’il représentait avait son caractère particulier, ses tendances, sa nature. On remarquait surtout dans les journaux de droite une grande élévation de sentiments et d’idées, une couleur chevaleresque, de la sensibilité, de l’éclat