Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/397

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des autorités respectables me firent supprimer cet écrit ; le coup d’ailleurs était porté, et rien ne pouvait nous sauver. Peut-être manquait-il à l’Europe cette dernière expérience, et toujours aux dépens de la France ! Vous aurez pu voir que les mêmes choses ramènent dans le gouvernement les mêmes personnes. On n’a exclu que les régicides, et ils se plaignent hautement de cette exclusion comme d’un tort ; et ils osent imprimer, publier, avec noms et adresse d’auteur, leurs réclamations et justifier leur régicide ou le rejeter sur le parti opposé. Cela fait horreur, et flétrit l’âme à un point qu’on ne saurait dire. Avec une autre conduite, on aurait tout rétabli, on aurait rebâti sur les fondements, au lieu qu’on bâtit à côté des fondements. » Un peu plus tard, M. de Maistre écrivait à M. de Bonald : « Croyez-vous à la charte ? J’y crois pour ma part autant qu’au poisson Rémora. »

Cette antipathie raisonnée d’une portion notable de l’école catholique et monarchique contre la charte, cette incrédulité qu’elle professait quant à sa durée, scindaient l’école en deux et diminuaient par conséquent sa puissance d’action sur les esprits. Exclue des affaires, elle se trouva en outre amenée à prendre un rôle d’opposition dès le début de la restauration. C’était là un fait grave qui s’aggrava encore lorsque la marche des événements amena l’école catholique et monarchique tout entière sur ce terrain d’opposition. Les circonstances qui déterminèrent ce résultat doivent être ici rappelées. Celle des nuances de l’école qui