Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/399

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assemblée d’électeurs, de manière à ce qu’il n’eût pas cette permanence qui le rendrait à la fois plus susceptible, soit d’être corrompu par le ministère, soit d’être agité par les ambitieux ; enfin, des institutions locales qui répandissent partout la vie morale et l’activité politique, et balançassent ainsi la prépondérance de Paris, où les passions révolutionnaires ont depuis tant d’années exercé un si grand ascendant.

Ici la nuance de l’école catholique et monarchique dont M. de Chateaubriand avait écrit le manifeste dans la Monarchie selon la charte, se trouva en dissidence complète avec l’école intermédiaire, qu’on aurait pu appeler l’école du rationalisme monarchique, et qui, au fond, avait dirigé les affaires, soit par ses hommes, soit par ses idées, depuis que la restauration était sortie des premières crises de son retour. Cette école, dont M. Royer-Collard fut le philosophe, M. Guizot l’écrivain politique, M. Decazes l’homme d’affaires, M. Lainé l’orateur, voulait la monarchie légitime, mais avec l’électorat direct placé dans une oligarchie censitaire qu’elle regardait comme l’aristocratie naturelle de la classe moyenne, et dont elle voulait la domination à l’exclusion des classes inférieures et de ce qui restait des classes supérieures, et avec le maintien de la plus grande partie de la centralisation impériale. Au fond, cette école, issue de celle de Montesquieu, était guidée par une admiration traditionnelle de la constitution anglaise, où le vote direct domine, en même temps que par un certain éloignement pour l’ancienne aristocratie,