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toutes les nuances de l’école y parurent : le cardinal de la Luzerne, comme M. de La Mennais, M. de Bonald comme M. de Chateaubriand, M. de Castelbajac comme M. Fiévée. Des jeunes hommes pleins d’espérance, M. de Lamartine, M. Berryer fils, M. de Genoude, M. de Saint-Marcelin, y firent leurs premières armes dans la presse. Des hommes d’État comme M. de Villèle, des hommes de cour comme le duc de Lévis et le duc de Fitz-James, y apportaient leur concours. Le succès du Conservateur fut immense, son influence toute-puissante. Les opinions adverses n’avaient rien à opposer de comparable à cette réunion de talents divers et de noms éclatants.

Ce fut cependant un spectacle dangereux donné aux esprits que cette espèce de guerre civile d’idées allumée entre la politique de la royauté traditionnelle et très-chrétienne et les écrivains les plus éminents de l’école catholique et monarchique. En même temps, cette fausse situation engagea cette grande école plus avant qu’elle n’eût voulu peut-être dans deux questions d’une haute importance, et qui demandaient à être touchées avec une prudence extrême, au début du gouvernement représentatif en France : la question de la liberté de la presse et celle de l’omnipotence des majorités parlementaires. La liberté de la presse, sans être une liberté aussi essentielle que ces libertés représentatives qui assurent l’intervention des contribuables et des citoyens dans la nomination de ceux qui votent l’impôt et consentent les lois, ou administrent les intérêts lo-