Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/446

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à Messieurs de l’Académie des inscriptions et belles-lettres[1]. C’était un véritable pamphlet, plein de sel, mais avec plus de fiel encore que de sel ; une satire qui n’avait pas sacrifié aux Grâces, et dans le style de laquelle le mot brutal n’était pas ménagé par le candidat éconduit, moins soucieux de justifier sa colère par de bonnes raisons, que de la satisfaire par les épigrammes les plus cuisantes et les mots les plus vifs. Quand Courier eut pris son parti, il arrangea à sa manière ce passé militaire qu’il avait supporté à contrecœur, et dont il faisait naguère si bon marché. L’officier qui, en haine de toute contrainte et de toute discipline, laissait là son corps, sous la république comme sous l’empire, et marchait suivant sa fantaisie, se présenta comme une espèce de Cincinnatus qui avait quitté la charrue pour défendre le sol, et qui avait conservé les sentiments d’une fierté républicaine sous les aigles, tandis qu’il n’avait été, au fond, qu’un orgueilleux, mécontent de sa position, un pessimiste rompant en visière avec le genre humain, et un voluptueux littéraire cherchant à satisfaire ses goûts. Comme la restauration était un gouvernement de paix, et que la paix était nécessaire, indispensable, à l’époque où il écrivait, Paul-Louis se sentit saisi, comme Béranger, d’un enthousiasme rétroactif pour la gloire. Il se fit donc un rôle mi-soldat, mi-peuple, qui lui donna une position excellente d’offensive contre la monarchie. Les grands

  1. Cette lettre est datée du 20 mars 1819.