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que simple répétition, que redite pure de ce que des milliers d’individus avaient exposé avant lui. À leur point de vue de conservateurs intransigeants, les fanatiques de la loi ou de la religion qui ne voulaient pas d’un autre livre que le Code, le Coran ou la Bible avaient absolument raison ! « Tout nouvel ouvrage est inutile s’il corrobore la vérité, funeste s’il en diffère ». C’est dire que toute la littérature contemporaine est anarchiste par quelque côté ; à notre propagande directe s’associent les mille propagandes indirectes de la foule des poètes, romanciers, philosophes et sociologues.

Mais n’y eût-il aucun livre dans le monde pour exposer nos idées en leur ensemble ou en leurs détails, le grand drame de la société contemporaine suffirait pour montrer à tous ceux qui pensent quel mouvement nous entraîne et vers quel idéal se dirige l’humanité. Nous voyons avec combien d’impatience l’individu subit maintenant les volontés et les caprices d’autres individus nobles, riches ou constitués en dignité ; il est avéré pour tous que l’autorité ne se maintient plus par la douce résignation des faibles aux devoirs incompris, mais qu’il faut rassurer désormais par une force de plus en plus tendue et risquant incessamment de se briser : les puissances de ce monde sont devenues la cible de toutes les dérisions, de tous les mépris, et leur prestige s’envole dans l’espace comme tant d’autres illusions mensongères. D’autre part, nous constatons que l’individu, tout en se réclamant plus énergiquement ce qu’il considère comme son droit personnel de vivre, s’associe plus intimement à tous ceux qui sont amenés des mêmes idées et revendiquent