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Page:Neulliès - Tante Gertrude, 1919.djvu/38

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TANTE GERTRUDE


CHAPITRE IV


— Vite, mon brave Étienne, pressez-vous un peu ; je ne sais pas ce qu’ont ces vilaines bêtes ce matin, mais on ne peut en venir à bout ! Je n’ai pas trop de toute ma force pour les maintenir.

Le vieux concierge, qui était enfin parvenu à ouvrir toute grande la lourde grille du parc, ne put s’empêcher de sourire en regardant les mignonnes petites mains qui serraient nerveusement les guides du fringant attelage.

— Madame ne devrait pas se fatiguer ainsi, murmura-t-il d’un ton respectueux. Madame paraît avoir bien chaud ?

Et il leva son regard plein d’admiration sur le beau visage tout rose, éblouissant de fraîcheur et d’éclat de Mme Wanel.

— Oui, j’aurais dû laisser Louis conduire ses chevaux, mais ça m’amuse tant ! Oh ! le joli baby ! s’écria soudain la jeune femme, en apercevant un enfant de deux à trois ans, sur le seuil du pavillon ; c’est à vous ce chérubin, Étienne ?

La femme du vieux concierge, qui arrivait à cet instant et avait entendu l’exclamation de Mme Wanel, rougit de plaisir, et, prenant le petit dans ses bras, l’amena auprès de la voiture.

— C’est notre petit-fils, madame, dit-elle, l’enfant de notre Louise que madame a bien connue.

— Oui, je me souviens. Est-elle heureuse d’être la mère de ce joli mignon !

Et une tendresse touchante se lisait dans les grands yeux de pervenche de la jeune femme, tandis qu’elle prenait dans ses bras, avec des précautions infinies, l’enfant que la vieille domestique lui tendait.

— Embrasse-moi, mignon, dit-elle doucement.

Le petit leva son regard étonné sur Mme Wanel, puis, comme s’il eût été charmé par la beauté séduisante de son jeune visage, d’un mouvement