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Page:Niboyet - Le vrai livre des femmes, 1863.djvu/133

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ans j’étais lâchement trahie ; à trente, je n’aimais plus rien et je menais la vie à grandes guides, à quarante, je me cachais pendant le jour ; le soir, comme la chouette, je cherchais ma proie dans l’ombre… »

Et cette femme ajoutait :

« Il y a ici, d’ordinaire, cinq cents femmes détenues comme moi par mesure de police. Demandez-leur d’où elles sont parties ? toutes s’accuseront d’avoir aimé d’abord, puis d’avoir été vaines ou ambitieuses. Pas une ne vous dira : — Je suis calme en présence de mon abjection.

Pour se dégrader au prix d’un morceau de pain, il faut s’enivrer d’eau-de-vie, se griser de mauvais propos, s’exalter de vices. »

Ô société ! si la famille était un sanctuaire, l’honneur des jeunes filles deviendrait-il la proie des libertins, et le cœur des jeunes hommes la pâture des femmes folles ? L’exemple du bien manque. On discute sur tout, pour se dispenser de raisonner sur rien. La morale, selon les uns, c’est le paradoxe déguisé ; selon les autres, c’est le caoutchouc dans sa plus grande élasticité, autorisant ici la polygamie, là interdisant le divorce.