bourgeoisie que dans la noblesse ; toujours privilégiée et, par ce motif, moins remuante : le bourgeois, moyen terme entre le serf et le seigneur, entre le possesseur et la chose possédée, prenait part à la vie politique, tandis que sa compagne veillait au foyer domestique, son sanctuaire. Les attributions de chacun, distinctes et séparées, n’excluaient pas l’harmonie du couple. L’autorité du père laissait à la mère une certaine liberté ; elle gouvernait ses filles et régnait sur ses garçons. Mais, ignorante des devoirs que la société impose, elle laissait croître et se développer, dans la famille, ces jeunes cœurs inexpérimentés qui, tôt ou tard, devaient se heurter au monde. Par exception il arrivait que, de la tutelle de la mère, les filles passaient, sans crise, sous la tutelle du mari. Doucement préparées à l’obéissance, elles changeaient de maître sans surprise ni émoi et continuaient de vivre passivement jusqu’au jour où la maternité leur révélait une nouvelle existence et de nouveaux devoirs. Çà et là, à travers les siècles, quelques âmes surgissaient grandes ; quelques esprits éclairés se faisaient jour, qui demandaient pour la femme, compagne de l’homme, mère de l’humanité, autre chose que la subordination de l’esclave, que
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