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Page:Nichault - Anatole.djvu/177

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« Vous partez, Valentine, et c’est le désir d’échapper aux importunités d’un fat qui vous éloigne des lieux que vous embellissez ! L’honneur de l’emporter sur vos rivales, celui de briller à la cour de tout l’éclat de la fortune et de la beauté ; le triomphe plus grand encore de fixer un cœur voué à l’inconstance ; enfin, tous ces plaisirs enivrants de la vanité ne peuvent donc vous séduire ? Vous réalisez le vœu que je formai en vous voyant pour la première fois. Ah ! me disais-je alors, si j’étais le créateur d’un aussi bel ouvrage, je voudrais le parer de toutes les vertus.

» Vous partez, et des pleurs de regrets ne viennent pas obscurcir mes yeux, et je ne maudis point cet exil volontaire ! Tant de courage doit vous sembler un prodige, à vous qui savez que j’ai besoin pour vivre du même air que vous respirez ; mais songez à ces timides oiseaux, qui, sans oser approcher du soleil, traversent les mers pour jouir en tout temps des bienfaits de sa présence, et vous aurez bientôt le secret de ma résignation. »

Après un moment de silence, pendant lequel M. d’Émerange cherchait à modérer sa rage, il jeta les yeux sur madame de Nangis, et fut frappé de la joie qu’il vit éclater dans les siens. L’idée qu’elle se repaissait du plaisir de le voir humilié, lui inspira l’envie de s’en venger en l’humiliant elle-même.

— Cette lettre n’est point signée, dit-il avec mé-