Page:Nichault - Anatole.djvu/224

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l’ambassadeur d’Espagne ? ce jeune Anatole, si beau, si spirituel, qui est sourd-muet de naissance ?…

Valentine n’en entendit pas davantage. Un froid mortel circula dans ses veines ; sa tête se pencha vers madame de Réthel ; et elle perdit connaissance.

Cet événement causa un effroi général ; on transporta Valentine sur le lit de la princesse, où les plus prompts secours lui furent prodigués par le docteur P… qui se trouvait présent. Il ordonna que chacun se retirât pour laisser respirer la malade, et ne laissa près d’elle que la princesse et madame de Réthel. Lorsque Valentine reprit ses sens, un violent accès de fièvre se déclara, et le docteur craignit que ce ne fût le symptôme d’une véritable maladie ; il insista pour que la marquise restât à Paris, en disant qu’il serait plus à portée de lui donner ses soins. La princesse joignit ses instances à celles du docteur pour la déterminer à accepter un appartement chez elle ; mais rien ne put faire renoncer Valentine au projet de retourner le soir même à Auteuil ; et l’on fut obligé de céder à sa volonté. Elle pria madame de Réthel d’avertir son oncle qu’elle était décidée à partir sur-le-champ. Elle adressa d’une voix éteinte ses remercîments à la princesse, lui serra tendrement la main, promit au docteur de suivre ses avis, et se fit porter dans sa voiture. Elle arriva bientôt à Auteuil. Le commandeur et sa nièce qui l’avaient accompagnée, passèrent la nuit auprès d’elle. Ils l’engagèrent vainement à prendre quelque repos ; ses sens