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Page:Nichault - Anatole.djvu/48

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VIII


La princesse était ce soir-là à Versailles, et sa loge resta à la disposition de madame de Nangis, qui eut le chagrin de n’y recevoir personne. On donnait Armide, et Valentine se livrait au plaisir d’entendre ce chef-d’œuvre, qui réunit tous les genres de perfection, lorsque la comtesse lui dit de contempler le plus beau visage qu’elle ait vu de sa vie. Imaginant que sa sœur lui désigne une femme, elle regarde dans la loge qu’elle lui indique, et ses yeux rencontrent ceux d’un jeune homme dont la figure était en effet remarquable. Honteuse d’avoir été surprise dans ce mouvement de curiosité par celui qui l’excitait, elle rougit, baisse les yeux, et, sans oser le considérer davantage, elle répond à sa sœur qu’elle est de son avis.

— C’est probablement quelque étranger, dit la comtesse, car un homme de cette tournure-là serait déjà connu de tout Paris, s’il y était seulement depuis deux mois. Vous, qui dessinez si bien, vous devez trouver que c’est un beau portrait à faire.

Valentine essaya une seconde fois de vérifier si l’admiration de madame de Nangis était fondée ; mais le même regard qui l’avait déjà troublée l’empêcha d’en voir davantage. Elle se décida à croire sa belle-sœur sur parole. La comtesse ne se lassait point de comparer les traits de cet étranger à ceux