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Page:Nichault - Anatole.djvu/67

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la bonté de me donner le petit mot qu’on me demande, on viendra me prendre demain pour me conduire au château qu’il habite.

— Enfin, dit Valentine, après un moment de silence, puisqu’un si grand avantage pour vous est attaché à un mot de moi, je vais vous le donner : je ne crois pas me compromettre en affirmant le bien que j’ai entendu dire de vous.

— Ah ! madame peut s’informer, et tout le monde lui dira bien dans l’hôtel, que sans ce maudit déjeuner de noce, on n’aurait jamais eu de reproche à me faire.

Valentine fit cesser les regrets de Saint-Jean, en lui remettant son billet, et l’invita à venir lui dire à son retour de la campagne, s’il était content de son nouveau sort. Saint-Jean se trouva fort honoré d’une semblable preuve d’intérêt. Il ne l’attribua qu’à l’extrême bonté de madame de Saverny, et laissa à la finesse de mademoiselle Cécile l’honneur de découvrir qu’il pouvait bien ne devoir tant de protection qu’à la curiosité de la marquise.

Il est certain que Valentine commençait à s’impatienter de l’obscurité répandue sur tout ce qu’elle désirait savoir, et sans la crainte d’entendre sa belle-sœur raconter en riant, à tous ses amis, ce que Saint-Jean-venait de dire, elle l’aurait consultée pour savoir ce qu’on devait en penser. Mais l’ironie continuelle de madame de Nangis intimidait la confiance de Valentine ; elle était sûre que la comtesse se ré-