Page:Nichault - Ellenore t1.djvu/10

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INTRODUCTION


C’est sous le Consulat, à un dîner chez la marquise de Condorcet, où se trouvaient plusieurs des personnes des plus remarquables de ce temps, que je vis pour la première fois la belle madame Mansley, cette spirituelle Ellénore qu’un homme justement célèbre a choisie pour l’héroïne d’un roman qui, sauf quelques voiles très-diaphanes, montre avec confiance la vérité des caractères plutôt que celle des faits. Le portrait qu’a tracé Adolphe d’Ellénore, écrit sous l’influence d’un sentiment intéressé, est bien celui qu’il a vu, mais non pas celui qui la ferait reconnaître par ses parents et par ses amis. L’amour n’est pas sujet à voir juste ; celui d’Adolphe, qui éprouvait également le besoin de se vanter et de se décrier, devait louer et blâmer à faux la cause de toutes ses inconséquences de cœur ; mais qui oserait médire des illusions qui ont produit un si charmant ouvrage !

J’étais ravie de me rencontrer avec cette femme dont j’entendais parler chaque jour d’une si différente manière. Pour les uns, c’était une personne d’un grand caractère, dont l’âme noble, l’esprit indépendant et le ton austère étaient l’objet d’une admiration respectueuse.