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Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/90

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et rendit grâce à ce bavardage qui l’empêchait de remarquer le morne silence de madame d’Egmont.

Quand ils se retrouvèrent seuls, Septimanie tendit sa main au poète, et d’une voix altérée :

— Vous aviez raison, mon ami, dit-elle, je n’irai point ce soir chez la duchesse de Luxembourg.


XVII

L’ASSASSINAT


Le lendemain, le suisse de l’hôtel d’Egmont répondait aux personnes curieuses de voir l’effet de ce mariage inopiné sur celle qu’il devait si sensiblement affecter :

— Madame la comtesse est à l’abbaye de Montmartre ; elle doit y rester tout le temps que durera la maladie de madame de Vibraye.

Cette légère indisposition de son amie, madame d’Egmont l’appelait une maladie grave, pour se faire un prétexte de rester au couvent, et d’y cacher le profond accablement où elle était plongée.

En se résignant à suivre la volonté de son père, elle ne s’était séparée qu’à moité du comte Louis, car son cœur lui était encore attaché ; elle se croyait encore sa plus chère pensée, et la confiance d’être aimée, cette espérance vague qu’on n’ose s’avouer, et qui porte sur des événements presque impossibles, enfin la consolation d’être regrettée, avaient maintenu son courage ; mais être seule à souffrir, joindre à la douleur d’un abandon complet l’idée que cet amour, dont le souvenir était l’unique bien, léger comme tant d’autres, ne méritait pas les larmes qu’elle lui avait données ; se voir enlever jus­qu’aux illusions du passé, ah ! c’est alors que les déchirements d’une séparation irrévocable s’emparèrent du cœur de ma­dame d’Egmont ! c’est alors seulement qu’elle frémit de l’iso­lement où tombait son âme.

La retraite, la prière, ces deux grands secours contre la douleur, elle ne put s’y livrer longtemps. Le retour du maré-