Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/179

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vôtre qu’il me faut : c’est l’assurance qu’il n’en est pas pour vous sans moi ; c’est un sentiment qui réponde à tous ceux qui m’agitent, un orgeuil d’amour qui vous rende fiere des vertus que je tiendrai de vous, un dédain de tout ce qui n’est pas cet amour ; une conscience de ce que vous pouvez faire de bien à moi, à la France, qui impose silence à de vains reproches ; enfin c’est le refrain de cette passion qui me domine comme une volonté du ciel… Mais goûter un bonheur acheté par vos larmes, voir la honte courber ce t’mnt sur lequel je vomirais pouvoir placer la couronne ! Non, jamais !… J’attendrai que l’amour vous amène sur ce nrnr qu’il dévore… ou je succomberai sans plainte de n’être pas aimé.

En finissant ces mots, le roi sortit précipitamment de chez madame de la Tournelle qui ne dit rien pour le rappeler.



XXXIV

LE BLESSÉ


Deux jours se passèrent sans qu’elle reçut aucun souvenir de la part du roi ; appelée par son service chez la reine, elle apprit là qu’on disposait tout pour un prochain voyage a Choisy. La liste des personnes qui devaient en être n’était pas encore connue, et l’étonnement de madame de la Tournelle, en apprenant cette décision du roi, prouva visiblement qu’il ne l’en avait point instruite.

Chacun se demandait qui occupait cette belle chambre de satin bien avec ses riches ornements tous brodés par madame de Mailly, ornements dont le travail dura presque autant que sa faveur.

Un nuage sombre voilait la destinée de madame de la Tournelle ; elle n’osait faire un mouvement dans la crainte de découvrir l’orage ou l’astre éclatant que lui cachait ce voile. Tout lui disait que le moment fatal était arrivé ; qu’il fallait s’immoler à l’amour du roi ou le perdre. Dans l’a-