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— Trop heureuse pour n’en pas perdre la raison… ou la vie.



LX

L’EFFROI


Après le départ du roi, madame de Châteauroux ressentit de violentes douleurs d’estomac que mademoiselle Hébert attribua au temps infini que sa maîtresse (Mail restée sans rien prendre. Les gens de la maison dormaient encore, la duchesse ne voulut pas qu’on réveillât son cuisinier. Pour ne faire aucun dérangement, mademoiselle Hébert apporta une aile de poulet tirée d’un pâté de Chartres arrivé tout récemment, et qui se trouvait sur les planches d’un office. À peine madame de Châteauroux en eut-elle mangé qu’elle se senti ! beaucoup plus souffrante, cependant quelques gouttes d’eau de fleur d’oranger la calmèrent : elle dormit deux heures. À son réveil, le médecin qu’avail envoyé chercher mademoiselle Hébert trouva de la fièvre à madame de Châteauroux, et lui ordonna de rester au lit toute la journée et celle du lendemain.

Vers midi, le comte de Maurepas se présente à la porte de l’hôtel de Lauraguais ; on lui dit que madame la duchesse de Ghâteauroux n’est pas visible. Il demanda à voir la duchesse de Lauraguais ; elle est auprès de sa sœur. Enfin, il dit venir de la part du roi, et on le laisse entrer.

À ces mois magiques, de la part du roi, toutes les portes s’ouvraient : M. de Maurepas arriva jusqu’à la chambre de madame de Châteauroux. Le duc d’Ayen et madame de Lauraguais étaient au chevet du lit. Ils se retirèrent en entendant annoncer cette visite extraordinaire.

M. de Maurepas sembla un moment déconcerté ; mais madame de Châteauroux l’ayant invité à s’asseoir avec une politesse pleine de dignité, il se remit un peu de son trouble, et dit :