Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/95

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c’est en mourir dévorée avant de l’avoir l’ait connaître, c’est rester pure a ses yeux pour qu’il m’aime toujours.

Puis elle redevint plus calme, et crut un moment que le ciel, confiant dans ses vœux, L’aiderait à y rester fidèle. Alors, fortifiée par une sorte d’inspiration divine, madame de la Tournelle envisagea cette visite du roi comme une épreuve dont elle devait sortir triomphante : et sa bonne toi, sa fierté, l’affermissant dans cette idée, elle se prépara sans trop d’émotion à paraître devant celui qu’elle aimait.

Le comte de Coigny, envoyé par le roi pour prévenir M. Duverney de son arrivée, était entré brusquement dans la salle à manger pendant qu’on dînait : car ces mots : « De la part du roi » ne permettaient pas à un valet de chambre de l’aire attendre. C’était un talisman devant lequel toutes les portes s’ouvraient.

Après avoir salué les convives en particulier et dit une foule de flatteries à ces dames. M. de Coigny retourna au rendez-vous de chasse. Le roi le questionna sur les personnes qui étaient à dîner chez M. Duverney, espérant entendre le nom qu’il préférait à tous.

M. de Coigny, pensant bien que Sa Majesté s’inquiétait fort peu des hommes qui se trouvaient au dîner, nomma seulement toutes les femmes.

— Êtes-vous bien sûr, demanda le roi, de n’en oublier aucune ?

Alors M. de Coigny les repassa tout haut dans sa mémoire. et, s’arrêtant à madame de Flavacourt :

— Non, sire, ajouta-t-il, je ne me trompe pas.

L’idée que madame de la Tournelle avait quitté le château de Plaisance en apprenant qu’il devait y venir répandit sur le visage du roi un voile de tristesse.

— Le temps se refroidit : je crois, dit-il, que nous aurons de la pluie, il ne faut pas prolonger la chasse, cela nous ferait revenir trop tard à Versailles.

— Il n’ira pas chez Duverney, dit le comte de Coigny tout bas au duc de Richelieu, et le pauvre homme en sera pour ses frais. Le serait grand dommage pour nous tous, car la plus belle fête, le meilleur souper et les plus jolies femmes nous attendent.

— Comment donc ! s’écria M. de Richelieu ; mais ce serait un meurtre, un désastre pour nous tous. Le roi est inca-