Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/126

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ne put proférer une seule parole. Nous choisîmes l’instant où l’accablement succéda aux douleurs, pour donner à la malade cette potion qui devait la rendre à la vie. Juge de ce que nous éprouvâmes, ma Juliette, quand au bout d’un quart d’heure nous vîmes cesser les convulsions et la pauvre Lucie tomber dans un profond assoupissement. Alors M. Bomard nous dit :

— Je ne crois point que nous ayons à craindre une rechute, surtout si le sommeil se prolonge encore quelque temps ; mais il est important qu’il ne soit pas interrompu : veillez à ce qu’on ne fasse pas le moindre bruit ; je vais rester près de la malade, et je vous ferai avertir aussitôt son réveil.

Nous fîmes sortir tout le monde, et après avoir donné les ordres nécessaires et recommandé qu’on éloignât les enfants, nous montâmes, sir James et moi, dans le salon le plus près de l’appartement de Lucie. Il me dit en entrant :

M. Bomard se flatte ; ma sœur est plus mal que jamais, et je vais perdre le seul être qui s’intéresse à moi.

Son accent était celui du désespoir ; je m’approchai de lui, et je tentai de calmer sa douleur. Après lui avoir détaillé toutes les raisons qui devaient le rassurer, j’ajoutai :

— Vous êtes injuste, milord, en pensant qu’un