Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/145

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ne m’aborda plus de la soirée ; je restai près de madame de Varannes tant que dura le bal, Caroline ne voulut point danser, je m’étonnai de sa résolution, elle me répondit avec une sécheresse très-marquée, qui me prouva qu’elle était toujours dans les mêmes dispositions à mon égard. L’abbé fut pendant toute cette journée d’une tristesse sombre. Enfin on se sépara, et je passai le reste de la nuit dans les réflexions les plus tristes. J’éprouve encore un mécontentement, une irrésolution, qui me tourmentent ; Lucie me conjure de rester auprès d’elle jusqu’à la fin du mois prochain, bien des raisons me portent à l’accepter, et je ne sais quoi m’en détourne. Oh ! que ne puis-je aller près de toi, ma Juliette, tu comprendrais ce que je souffre, tu parviendrais à calmer la douleur que me cause toujours des souvenirs cruels. Ici je n’ose me plaindre, je respecte le bonheur de Lucie et je n’ai pas besoin d’accroître la tristesse de son frère par des plaintes inutiles que peut-être il ne croirait pas sincères. Voilà ce qui m’afflige.

Adieu, réponds-moi promptement, je n’ai jamais tant désiré les lettres.