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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/151

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sance, mon frère, il vous dérangerait sûrement des occupations qui vous retiennent loin de nous depuis si longtemps, et nous sommes trop intéressées à les voir finir pour vouloir vous en distraire.

Il ne parut pas étonné de ce reproche, et sans s’excuser il fut s’asseoir près de la cheminée, et se mit à rêver. Emma, qui n’aime point les gens sérieux, fît signe à Jenny de monter sur les genoux de son oncle pour le faire rire, et de son côté employa toutes ses petites grâces pour l’engager à jouer avec elles. Impatientée de ne recevoir de lui que des caresses, au lieu de le voir se prêter à toutes leurs folies, elle lui dit :

— Va, tu n’es pas si aimable que mon oncle Frédéric !

Dans ce moment Frédéric entra.

— Vous arrivez à propos, lui dit sir James, votre nièce et ces dames vous désiraient vivement.

Je trouvai quelque malignité à nous faire partager ainsi le désir d’Emma sans que nous l’eussions manifesté, et je ne pus m’empêcher de regarder sir James d’un air fort mécontent, qui ne lui échappa point. Frédéric venait de la part de sa mère pour me remettre une lettre de M. R…, propriétaire du château d’Estell : en tirant cette lettre de sa poche, il laissa tomber un billet auquel je ne pris pas garde dans l’instant ; mais ayant entendu sir James lui dire