Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/156

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— Il n’appartient qu’à vous, aimable Laure, d’acquitter les heureux que sir James fait ; ils n’ont que leur reconnaissance à lui offrir, et vous, vous pouvez par vos talents et par votre amitié, lui donner des jouissances aussi douces que durables, et qui seront partagées par tous ceux qu’il intéresse.

Je ne saurais te peindre le bien que me firent ces paroles ; elles répandirent sur mon âme un baume bienfaisant. Je pensai qu’en effet c’était obliger tous les gens qui l’aiment, que de faire quelque chose pour lui. S’il ne m’en sait pas gré, dis-je, en moi-même, j’aurai toujours fait une bonne action, et le plaisir qu’elle causera à Lucie, au respectable curé, me dédommagera de son indifférence. Après la séance, nous descendîmes pour dîner ; sir James nous attendait dans le salon avec Emma et Jenny. La première vint à moi avec tout l’empressement de la joie, pour me montrer une corbeille remplie de joujoux que sir James avait été lui-même acheter le matin à D***. Je vis dans cette bonté de sa part, le désir de réparer son injustice, et j’oubliai tout ce qu’elle m’avait fait ressentir. Pour mon Emma, elle n’en gardait pas le moindre souvenir, et ne s’occupait qu’à m’apporter alternativement les poupées de Jenny et les siennes. J’avais déjà une vingtaine de joujoux sur mes genoux, quand elle y posa encore un énorme chariot, dont le timon vint me frapper le sein ; la dou-