Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/163

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Emma et Jenny s’étaient mêlées avec les petits paysans, et lorsqu’on interrompit leurs jeux pour se retirer, les regrets furent si vifs qu’il fallut promettre de les réunir incessamment. Elles sont invitées à la noce qui se fera dans deux jours au château. Lise va demain à D*** pour les emplettes du trousseau.

Nous passâmes le reste de la soirée presque gaiement. Lucie avait reçu en rentrant une lettre de son mari qui lui apprenait de bonnes nouvelles. Le brave M. Bomard était tout réjoui du bonheur de la famille Simon, et j’éprouvais moins de malaise que le matin. Il fallait que mes yeux fussent plus animés qu’ils ne le sont habituellement, car sir James ne cessait de les regarder avec étonnement ; et Lucie, après les avoir observés, me dit :

— Savez-vous bien, ma chère Laure, que vous êtes beaucoup plus aimable aujourd’hui qu’hier.

— N’êtes-vous pas plus heureuse, lui répondis-je ? Hier j’avais mille raisons de m’affliger, aujourd’hui je les aurais encore que je les oublierais en voyant votre joie.

— Vous êtes une femme charmante, me dit M. Bomard, et sans mes soixante ans et ma cure, je serais fou de vous.

Cette plaisanterie fit sourire sir James qui me dit en sortant de table :