Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXXII


Je reviens de chez ma belle-mère : elle est véritablement affectée du départ de Frédéric ; cependant elle se porte mieux. Je lui ai annoncé mon prochain retour, elle a paru le désirer. Madame de Gercourt m’a dit qu’il était temps que je revinsse, que les habitants du château de Varannes commençaient à devenir jaloux de ceux de Savinie. En disant ces mots elle regardait Frédéric qui paraissait content de l’entendre exprimer aussi franchement ce qu’il n’aurait pas osé me dire. Mais l’abbé, trouvant que la société de sir James devait être fort ennuyeuse pour une jolie femme, ajouta, avec un ton d’ironie, qu’il croirait ses plus grands péchés absous, s’il était resté aussi longtemps que moi près de lui. Cette épigramme m’a semblé aussi méchante qu’injuste ; j’y ai répondu en disant que je ne m’étais point ennuyée un instant pendant mon séjour à Savinie. Lucie, ai-je dit, possède un caractère aussi doux qu’aimable ; son frère a de l’esprit sans méchanceté, sa tristesse, quoique un peu sombre, n’empêche pas sa société d’être agréable, et sa conversation est semée de traits déli-